Publiée le 10 mars 2024 Transition énergétique : un enjeu fort

Transition énergétique : un enjeu fort

L’accélération du dérèglement climatique n’est plus un dossier seulement national, les communes se sont saisies du sujet et ont mis en place des stratégies. Cusset et Vichy Communauté s’inscrivent depuis des années dans une démarche volontaire et ambitieuse, notamment dans le cadre des énergies renouvelables. Dans tous les domaines, notre agglomération porte des projets : hydroélectricité, bois, méthanisation, photovoltaïque, véhicules électriques… la Ville de Cusset est pleinement ancrée dans ce programme et pilote de nombreuses actions en la matière.

Entretien avec...

BERTRAND BAYLAUCQ 
Adjoint au Maire en charge de l’Alimentation et du développement durables, de la ressource en eau, de l’agriculture, du numérique, de la vitalité du coeur de ville et de l’animation.

QCmag : d’une manière générale, quels sont les objectifs poursuivis par la commune en matière de transition énergétique ?

BB : nous rejoignons de nombreuses collectivités autour du même triptyque, à savoir l’obligation de réduire notre impact sur l’environnement qui passe par une réduction de nos déchets, la décarbonation, c’est-à-dire la réduction de nos émissions de dioxyde de carbone et la production d’énergie à partir de nouveaux procédés. À la simple échelle communale, nous pouvons faire beaucoup et nous nous y employons.

QCmag : avez-vous de grands projets en cours à Cusset qui iraient en ce sens ?

BB : nous étudions activement la possibilité de production d’hydroélectricité à partir du barrage de l’Ardoisière. Il s’agirait de la mise en place d’une mini-station qui permettrait de produire de l’énergie à partir du courant de l’eau. En parallèle, nous étudions la création d’un parc photovoltaïque d’envergure qui alimenterait des centaines de foyers en énergie. Ces projets sont à l’étude avec le Conseil départemental de l’Allier et Vichy Communauté.

QCmag : les agriculteurs ont fait entendre leur voix en ce début d’année, au niveau local, quelles actions avez-vous engagées en leur faveur ?

BB : dès 2014, nous avons eu l’ambition de travailler de manière étroite avec nos agriculteurs. Ce double visage de Cusset, tantôt ville tantôt campagne, a longtemps fait oublier que nous avions de nombreux producteurs sur notre sol. Aussi, nous avons travaillé avec eux, et rapidement les projets se sont emballés. Fête de la Ruralité, entretien des chemins ruraux, circuits courts, Projet Alimentaire Territorial avec des menus de nos cantines élaborés à partir de produits locaux, impression d’un guide des producteurs, etc… Je suis vraiment heureux de dire que nous sommes aujourd’hui de véritables partenaires. Mais le chemin à parcourir pour une agriculture respectée, financièrement équilibrée est encore long et nous serons à leurs côtés dans ce combat.

AGIR 2035 : UN PROJET DE TERRITOIRE

Il s’agit là, pour notre agglomération et ses 39 communes, de relever les défis de demain. Ceci passe par des objectifs clairs : une meilleure qualité de vie, une lutte intensive contre le réchauffement climatique, la redynamisation des coeurs de ville et de bourg et l’accroissement de notre attractivité. Agir 2035 détermine les enjeux de demain et fixe une stratégie qui s’inscrit dans ces quatre objectifs.

Découvrez le projet de territoire en ligne sur www.vichy-communaute.fr

RÉNOVATION ÉNERGÉTIQUE DES BÂTIMENTS PUBLICS LOCAUX

La rénovation énergétique des bâtiments publics est un levier essentiel de la baisse de la consommation énergétique. L’Etat a fixé des objectifs drastiques en la matière, à savoir une baisse, d’ici à 2030, de 60% des émissions de gaz à effet de serre, et d’ici 2050, la neutralité carbone complète.

Dans ce contexte, l’Etat a mis en place le fonds vert, un soutien financier qui doit permettre aux collectivités de financer des travaux visant à diminuer la consommation énergétique. La Ville, qui prévoit notamment la réfection énergétique de l’école Lucie-Aubrac, s’inscrira dans cette dynamique avec la reprise des toits-terrasse, la pose de nouvelles fenêtres, l’isolation, etc...

Ceci rejoint un programme lancé il y a déjà des années, où Cusset a fait modifier, dans les écoles et les bâtiments communaux (Hôtel de Ville, écoles, maisons de l’enfance, sites sportifs…), la plupart des éclairages en LED, la pose de détecteurs de présence, évitant ainsi à des couloirs ou espaces communs de rester éclairés toute la journée même vides, le changement des ouvrants, …

À cela, une baisse intégrale du chauffage, la fin de l’eau chaude aux robinets (hormis les douches), ont permis d’amoindrir l’impact de la hausse des coûts de l’énergie.

MOINS CONSOMMER AVANT TOUT

Difficile de passer à côté des avancées de ces dernières années en matière de transition énergétique. Des petites actions aux changements majeurs, la stratégie de la commune est claire, il faut irrémédiablement s’engager dans une logique de consommation vertueuse adaptée aux enjeux environnementaux.

Plus d'arbres, plus d'air

Si l’enjeu de la baisse de la consommation est de taille, celui du reverdissement des espaces en est un autre. Ainsi, la Ville de Cusset a initié, il y a déjà quelques années, le plan “ 1000 arbres pour Cusset ”.

Cet événement, qui s’est déroulé sur deux années, a permis à de nombreux Cussétois d’adopter un arbre, augmentant, de manière considérable, le nombre d’essences sur notre sol. À cela, la commune s’est engagée à remplacer chaque arbre mort ou déraciné par un nouvel arbre.

Plus récemment, Cusset a lancé l’opération “ Une naissance, un arbre, ” qui promet une plantation pour l’arrivée d’un nouveau petit Cussétois.

En parallèle, le programme de végétalisation des cours de nos écoles débute avec la mise au vert de l’école Liandon-Liandon dont les mètres carrés de bitume vont être remplacés par des arbres et des carrés verts. Autant d’actions qui permettent la captation du gaz carbonique par les arbres et la production d’oxygène.

Rouler au vert

Après Paris et Marseille, Vichy Communauté a été la troisième collectivité française à exploiter une ligne avec des bus uniquement électriques. Silencieux et non polluants (aucun rejet de gaz carbonique), ces quatre bus de 90 places circulent sur le réseau de l’agglomération dont la ligne qui dessert Cusset. À cela, s’ajoutent la mise en service de vélos électriques, disponibles dans les trois villes centre, et plus récemment la mise en circulation de trottinettes.

De son côté, Cusset intègre peu à peu des véhicules électriques à sa flotte municipale.

Consommer moins, consommer mieux

Enfin, à la baisse générale de la température dans les bâtiments communaux, la suppression de l’eau chaude, l’adaptation de tous les éclairages au LED, les élus ont acté en 2023 l’extinction de l’éclairage public de minuit à 5 heures, engendrant ainsi une baisse conséquente de la consommation d’énergie.

Capter les rayons du soleil

C’est en soit une excellente manière de produire de l’énergie. Pour cela, Cusset s’est engagée dans la mise en place de différentes installations. Les toits de la cuisine centrale ont été dotés de panneaux photovoltaïques, des ombrières ont été posées sur les parkings de la Maison des Sports et du stade Jean-Moulin, notamment et plus récemment, le Conseil municipal a donné son accord pour que les terrains de Padel et de Tennis extérieurs soient abrités par une structure qui produira de l’électricité. La Municipalité étudie actuellement l’implantation de parcs photovoltaïques sur des terrains non boisés et non agricoles.

HYDROÉLECTRICITÉ : POURQUOI PAS ?

En décembre 2019, le Département a décidé de lancer une étude de potentiel de l’hydroélectricité dans l’Allier. 14 sites étaient concernés, chacun a fait l’objet d’une description de l’existant, d’une analyse hydrologique et topographique permettant d’estimer la hauteur de chute brute et les plages de fonctionnement possibles, d’une analyse des enjeux environnementaux et réglementaires. Le site de l’Ardoisière a fait partie des projets étudiés. En fonction des choix techniques en matière de turbine notamment, l’Ardoisière serait un site pertinent et techniquement rentable. Une opportunité actuellement toujours à l’étude.

UN RÉSEAU DE CHALEUR PAR LE BOIS

Il y a une dizaine d’années, alors que le programme de renouvellement urbain du quartier de Presles était à l’étude, Allier Habitat, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et le Syndicat de l’Energie de l’Allier ont imaginé un réseau de chaleur d’envergure à partir de la chaufferie bois existante du Lycée Albert-Londres.

Aujourd’hui en fonction, cette chaufferie bois alimente tout le lycée, le conservatoire de musique d’agglomération, les logements collectifs du quartier de Presles ainsi que son groupe scolaire et le centre social.

Une installation vertueuse qui a le mérite d’économiser 80% de rejets de CO2 dans l’atmosphère et dont l’extension est actuellement à l’étude.

20 WAGABOX DANS LE MONDE DONT UNE À CUSSET

Si des dizaines de projets sont actuellement en cours en Europe et en Amérique du Nord, Vichy Communauté, Cusset, Suez et Waga Energy viennent d’inaugurer l’unité de production de biométhane au sein du centre de stockage des déchets de Gaïa à Cusset.

Sur l’installation de stockage Gaïa, qui reçoit les déchets du territoire, de l’énergie est produite depuis 2011 à partir de la fermentation des déchets. Ainsi, le biogaz issu de cette fermentation est valorisé par un moteur de cogénération qui produit de l’électricité et de la chaleur, laquelle permet de chauffer le bâtiment administratif du site.

L’installation d’une unité Wagabox vient compléter ce dispositif et permet d’aller plus loin dans la valorisation du biogaz. Cette innovation augmente la valorisation du potentiel énergétique des déchets. Elle permet en effet d’extraire le méthane contenu dans le biogaz pour produire du biométhane, dont les caractéristiques sont identiques à celles du gaz naturel.

Ce gaz renouvelable est directement injecté dans le réseau de distribution de gaz de ville de GRDF pour couvrir les besoins des habitants et des entreprises en chauffage, cuisson ou eau chaude sanitaire au niveau de la ville de Cusset. Chaque année, 17 GWh de biométhane seront ainsi injectés dans le réseau de gaz de ville et alimentera l’équivalent de 1700 foyers.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Le biométhane, ou gaz vert, est une énergie 100 % renouvelable, obtenue par l’épuration du biogaz issu de la dégradation des matières organiques (plantes, déchets agricoles, agro-industriels, ordures ménagères, boues de station d’épuration etc.).

Sa composition chimique et ses propriétés sont identiques à celles du gaz naturel, il peut donc être injecté directement dans les réseaux de distribution comme combustible, ou utilisé comme carburant pour les véhicules sous forme de BioGNV (Gaz Naturel Renouvelable).

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