Publiée le 26 août 2022 Grande cause municipale • Lutte contre le harcèlement scolaire

Grande cause municipale • Lutte contre le harcèlement scolaire

Annoncé lors de la transmission des vœux du Maire, le harcèlement scolaire sera la #GrandeCauseMunicipale2022. Une année dédiée à la lutte tout autant qu’à la prévention. A l’heure où l’on déplore la disparition de jeunes victimes, qui, faute de soutien, n’osent pas révéler leur terrible souffrance, le sujet ne peut être évité. A tous les niveaux, chacun peut agir et détecter des situations critiques.

Entretien avec Marie-José Morier,

Adjointe au Maire en charge de l’éducation, de l’enfance, de la jeunesse, de l’égalité des droits et de la lutte contre les discriminations.

QCmag : pourquoi faire de l’année scolaire 2022 une grande cause municipale de lutte contre le harcèlement scolaire ?

Marie-José Morier : chaque année, plus de 800 000 enfants sont malmenés et souffrent en silence. Les chiffres sont effrayants, un jeune sur dix subit un harcèlement sur son temps de scolarité. 20% des jeunes de 8 à 18 ans sont victimes de cyberharcèlement, dont une majorité de filles. Malheureusement, certaines situations conduisent au suicide. Je me félicite que Jean-Sébastien Laloy ait souhaité faire de ce thème une grande cause municipale.

QCmag : quelles sont les grandes lignes de cette année de lutte contre le harcèlement scolaire ?

MJM : d’une part, nous avons organisé au théâtre une conférence-débat qui a permis de poser le sujet auprès du public très nombreux et surtout très impliqué. Nous mobilisons nos services municipaux (enfance, affaires scolaires, animation, communication, culture, centre social) ainsi que le programme de réussite éducative (PRE) et nos directeurs d’écoles. Nous prévoyons des temps de formation pour nos professionnels, une structuration de tous les acteurs en charge de la détection des situations et de manière plus pratique des ateliers théâtre, le tournage d’une vidéo, un concours d’affiche, la création d’un jeu de société et d’une valise pédagogique et un spectacle à l’automne au théâtre.

QCmag : une année c’est bien peu pour s’attaquer à un tel sujet...

MJM : une année ne suffira pas... j’en suis consciente. C’est un travail de longue haleine. Nous mobiliserons toutes nos forces durant l’année 2022. Cette cause permet de mettre autour de la table des personnes de tous milieux et de tous horizons (professionnels, élus, parents d’élèves et enfants). C’est cette unité qui fera de cette grande cause municipale 2022 un vrai temps de sensibilisation, un temps de lutte et pourquoi pas un temps de victoire pour certains...

QUELQUES CHIFFRES ÉDIFIANTS

Source : Ministère de l’Education Nationale et de la Jeunesse

THIPHAINE GUERRY TÉMOIGNE

« Se sentir mal dans sa peau, craindre d’aller en cours, se refermer sur soi-même, perdre le dialogue avec ses proches, pleurer dans son lit le soir… sont quelques-uns des symptômes qui font référence à un même problème : le harcèlement scolaire. Ces symptômes je les ai personnellement ressentis lorsque j’étais au lycée. Comme souvent dans ce genre de situation cela a commencé par de petites moqueries qui sont rapidement devenues des insultes avant de finir par des gestes de la part des harceleurs. Pour ma part, le harcèlement se basait sur mes caractéristiques physiques, mes centres d’intérêt ainsi que sur mes bons résultats en classe. J’ai, par ailleurs, fait partie de ces quelques victimes qui alertent et font part de leur mal-être dès le début des brimades sans être malheureusement prise au sérieux, la situation étant jugée à l’époque sans réelle gravité. J’ai aujourd’hui 22 ans et ces moments douloureux sont maintenant derrière moi. Le chemin pour se reconstruire est long et nécessite d’être entouré et accompagné pour regagner confiance en soi et s’assumer pleinement à nouveau. C’est Maintenant en tant que représentante de l’Allier à l’élection de Miss Auvergne 2022 que je veux plus que tout montrer que l’on peut avoir été victime de harcèlement scolaire par le passé et faire de ses rêves une réalité aujourd’hui. J’espère pouvoir faire avancer les choses le plus possible à mon échelle et participer à faire de l’environnement scolaire un endroit sécuritaire et à l’écoute des jeunes pour les années à venir. »

LE PRE, UN RECOURS

VIRGINIE PAULET, PSYCHOLOGUE ET RESPONSABLE DU PROGRAMME DE RÉUSSITE EDUCATIVE

À Cusset, le Programme de Réussite Educative intervient en complément du droit commun suite à des besoins repérés chez les enfants de 2 à 16 ans, qui résident en quartier prioritaire, pour le territoire de Vichy Communauté (le Quartier « Coeur d’agglo » (Vichy-Cusset), le Quartier des Ailes/Port Charmeil et le centre-ville de Vichy).

Ainsi, lorsqu’une famille est orientée sur le PRE pour un enfant victime de harcèlement Virginie Paulet, dirige tout d’abord sur les dispositifs existants comme le numéro d’appel national (3020), le dispositif Sentinelles et Référents ou encore le programme pHARe. À partir des fragilités identifiées, un diagnostic personnalisé est élaboré, en lien avec les parents et les membres des différentes institutions (éducation nationale, communes..). Le parcours individuel peut alors être construit autour d’une multiplicité d’actions individuelles (la sophrologie, l’artthérapie...) et/ou collectives dont le financement peut être pris en charge par le PRE.

« La Mairie de Cusset a placé le thème du Harcèlement Scolaire "grande cause municipale 2022", c’est pourquoi avec l’ensemble des partenaires, il est important de travailler en amont et faire de la prévention. Cela passe, entre autres, par le développement du bien-vivre ensemble, à la fois entre adultes avec les enfants et entre les enfants mais aussi avec les parents, et les acteurs périscolaires. Ces enfants ont besoin d’aide pour élaborer une réponse au harcèlement. Ils doivent reprendre confiance en eux, apprendre à gérer leurs émotions. » conclut Virginie Paulet.

Le harcèlement en milieu scolaire se définit comme l’exposition répétée d’une victime à des comportements agressifs de ses pairs visant à la blesser ou à l’humilier. Il peut s’agir de violence physique, verbale, avec ou sans l’intention de causer des dommages psychologiques en ayant recours à l’humiliation ou à l’exclusion. Les conséquences peuvent être multiples : décrochage scolaire, désocialisation, anxiété, dépression, somatisation (maux de tête, de ventre...) et conduites autodestructrices voire suicidaires. Outre les effets à courts termes, le harcèlement peut avoir des conséquences importantes sur le développement psychologique et social de l’enfant et de l’adolescent comme le sentiment de honte, la perte d’estime de soi, l’isolement, la culpabilité, la difficulté à aller vers les autres voire un comportement violent. » nous précise Virginie Paulet.

LE PROGRAMME pHARe DANS LES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES

Le programme pHARe est un plan de prévention du harcèlement à destination des écoles et des collèges fondé autour de huit piliers :

  • Mesurer le climat scolaire,
  • Prévenir les phénomènes de harcèlement,
  • Former une communauté protectrice de professionnels et de personnels pour les élèves,
  • Intervenir efficacement sur les situations de harcèlement,
  • Associer les parents et les partenaires et communiquer sur le programme,
  • Mobiliser les instances de démocratie scolaire (conseils de vie collégienne, conseils de vie lycéenne) et le comité d’éducation à la santé, à la citoyenneté et à l’environnement,
  • Suivre l’impact de ces actions,
  • Mettre à disposition une plateforme dédiée aux ressources.

En pratique, tous les établissements doivent se doter d’ambassadeurs "non au harcèlement" ; des comités d’éducation à la santé, la citoyenneté et l’environnement sont mobilisés sur la question de la prévention du harcèlement, afin de dresser un état des lieux propre à chacun et de déterminer un plan d’action. Chaque établissement doit constituer une équipe qui sera formée à la prise en charge du harcèlement. Pour les élèves, des informations sont mises en ligne, pour les parents, ils sont associés à cette démarche à travers des ateliers.

GRANDE CAUSE MUNICIPALE

DES SENTINELLES ET RÉFÉRENTS POUR LES COLLÈGES ET LES LYCÉES

Ce programme, qui date de 2010, a été conçu par Eric Verdier, psychologue présent à Cusset à l’occasion de la conférence de lancement en mars dernier. Le dispositif est ouvert à tous les établissements scolaires*. Il s’agit de réunir une équipe d’une dizaine de jeunes collégiens ou lycéens ainsi que six adultes (enseignants, personnels administratif, parent et partenaire). Une fois constitué, ce groupe suit une formation de quatre jours qui porte sur les outils permettant de faire diminuer la violence dans les établissements et de détecter des situations de souffrance qui passent souvent inaperçues. L’objectif étant de prévenir le mal-être, l’isolement, les comportements agressifs, le risque suicidaire... Les élèves sentinelles sont investis d’une double mission, se rapprocher de la victime et travailler auprès des témoins passifs qui, bien souvent, nient toute souffrance du bouc émissaire. Les jeunes repèrent, interviennent et réfèrent. Les adultes, en complément, gèrent la prise en charge des harcelés ainsi que celle des harceleurs. C’est toute la force de l’alliance du jeune et de l’adulte qui est ici matérialisée par le binôme « référent-sentinelle ».

*à Cusset, le collège Maurice-Constantin-Weyer s’inscrit dans ce dispositif

LA FORMATION AVANT TOUT

Afin d’accompagner le programme pHARe, la Ville de Cusset formera ses animateurs et l’ensemble de son personnel du secteur périscolaire sur la détection et la gestion des situations de harcèlement. Pour cela, deux temps de formation seront dédiés aux équipes. La première sera dispensée par l’Instance Régionale d’Education Pour la Santé (IREPS), la seconde par l’organisme de formation des collectivités (CNFPT).

DES ACTIONS EN NOMBRE

En plus des actions conduites au sein des maisons de l’enfance, des ateliers théâtre seront organisés, un concours d’affiche « Non au harcèlement », ainsi que la réalisation d’un jeu de société qui pourrait être utilisé dans les écoles par les enseignants. A cela viendra s’ajouter la création d’une valise pédagogique sur le thème du harcèlement à la Médiathèque.

UNE COMMUNICATION CIBLéE SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX

Dès la rentrée, guettez les publications Facebook, Instagram et Twitter Ville de Cusset. La commune appuiera toutes les actions de terrain par une communication ciblée sur ses réseaux sociaux. Chiffres, témoignages, vidéos... chaque semaine des publications seront à suivre afin de sensibiliser le public au sujet.

UN THÈME RÉCURRENT

Chaque année, les maisons de l’enfance de la commune élaborent un projet pédagogique qui constitue le fil conducteur des actions qui seront développées avec et pour les enfants. En complément des actions engagées dans les écoles, les maisons de l’enfance développeront un projet commun dont un axe majeur sera la lutte contre le harcèlement. Ainsi, dès la rentrée, ce sont quelque 500 enfants qui seront sensibilisés à ce phénomène. De son côté, le Conseil communal des jeunes se saisira du sujet dans les actions qu’il portera dès la rentrée 2022. En marge, les associations sportives et culturelles seront sensibilisées à ce phénomène dès lors qu’elles accueillent des enfants et des jeunes dans le cadre de leurs activités.

Afin d'améliorer le signalement urgent et la prise en charge rapide des enfants victimes de cyberharcèlement, l'application 3018 a été lancée le 8 février 2022. Cette application permet de dialoguer facilement par tchat avec les professionnels du numéro national 3018 et de stocker des preuves du harcèlement vécu par la jeune victime.

EVOLUTION MAJEURE DE LA LOI

Depuis le 3 mars 2022, le harcèlement scolaire est désormais reconnu comme un délit pénal qui pourra être puni jusqu'à 10 ans de prison et 150 000 € d'amende en cas de suicide ou de tentative de suicide de la victime harcelée.

Des productions vidéo 

Proposée par le service enfance, la création d’un film « constat » sur le harcèlement scolaire, qui serait tourné à l’occasion d’un stage de vacances permettrait aux écoles de s’en servir comme support pédagogique. Il serait question de répondre à quelques interrogations simples sur le harcèlement et ensuite, à l’appui de l’expertise d’un psychologue, d’en analyser les réponses. De son côté, le Collège Constantin-Weyer envisage la réalisation d’un petit clip de présentation du dispositif « Sentinelles et référents ».

QUI SUIS-JE ? - CIE LE CHAT FOIN
Mardi 22 novembre à 20h au Théâtre de Cusset

SPECTACLE TRADUIT EN DIRECT EN LANGUES DES SIGNES FRANÇAISES

Quoi de mieux qu’une pièce de théâtre pour sensibiliser les scolaires et le grand public ? C’est en tout cas l’idée portée par Marie Chatelais, adjointe au Maire en charge de la culture et Léa Caillou, directrice du Théâtre : faire de la scène et de la salle un espace de sensibilisation, d’interrogation et d’échange. Présenté par la Compagnie Le Chat Foin, le spectacle « Qui suis-je » sera proposé à 350 élèves le 22 novembre à 14h30 et au grand public à 20h.

Ce spectacle permet de suivre Vincent, élève de 3e, mal dans sa peau du fait d’un physique d’endive, qui va peu à peu, au gré de son année scolaire, prendre conscience de son homosexualité. Dans l’univers très normé du collège, Vincent rencontre Cédric et connaît un trouble qu’il parvient mal à analyser. Ses notes chutent, son entourage prend ses distances et devient méchant... “Qui suis-je” est l’histoire de cet adolescent banal porteur d’un désir anormal pour les autres... A noter que dans le cadre de la lutte contre les discriminations, la Ville présente ce spectacle traduit en direct en langage des signes.

Tarifs et Billetterie

25€
Plein
20€
Réduit
17€
Cussétois
- de 26 ans : 8€ • - de 18 ans : 6€
Billetterie en ligne

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