Créer une grande animation pour découvrir d’un bout à l’autre la région et son histoire, c’est l’ambition que porte « La Région des Lumières ». Lyon, qui rayonne déjà chaque 8 décembre sur la scène internationale, est aujourd’hui rejointe par Saint-Flour, Aubenas, Vienne, Valence, Evian et Clermont-Ferrand. En 2019, le Conseil départemental de l’Allier a lancé le formidable projet d’une fresque lumineuse mettant à l’honneur l’emblématique dynastie des Bourbons et le patrimoine bourbonnais. Cet été, Moulins a inauguré le programme départemental, suivi aujourd’hui par Montluçon et Cusset. A Cusset, le 14 décembre prochain, c’est une déferlante de couleurs qui s’abattra, durant vingt minutes, sur la façade de l’Hôtel de la Borderie (côté Taverne Louis XI) et sur l’église Saint-Saturnin. Entièrement gratuit, ce spectacle sera projeté trois fois chaque soir entre 19h et 21h jusqu’au 11 janvier. Nous voici, nous aussi, en lumière…
Pleins feux sur nos façades
Difficile d’imaginer ces lumières monumentales sur les magnifiques édifices de la place Victor-Hugo. Et pourtant... “dessins, peintures, animations vont transformer notre place en féérie, en voyage de rêves spectaculaires” comme le souligne Gilbert Coudène, scénariste, créateur et metteur en scène des opérations Région des Lumières et Lumières sur le Bourbonnais. Sans dévoiler la magie de ce show de vingt minutes, le public se laissera porter par L’UN des plus grands événements de l’histoire de Cusset : la signature de la paix de la Praguerie, qui mit fin à la fronde menée contre le roi de France par son propre fils, entouré des Bourbons. Le scénario entend présenter les magnifiques architectures de l’Hôtel de la Borderie et de l’église Saint-Saturnin avant de retracer avec superbe l’évolution urbanistique et économique de notre commune, qui comptait encore, au XIXesiècle, 80 moulins. L’eau, coeur de l’activité économique et bientôt source du développement thermal sera aussi mise en valeur. Le thermalisme sera évoqué à travers la Belle Epoque et l’Art Nouveau jusqu’à la création du “Rouge baiser” par Paul Baudecroux. Symbole des récentes créations, le street art sera représenté ainsi que le médiéval et le fantastique au gré de tableaux époustouflants. Bienvenus dans Lumières sur Cusset.
Les Bourbons dans la révolte de la Praguerie*
En octobre 1439, les États généraux réunis à Orléans réclament qu’on mette fin aux exactions des “écorcheurs”, troupes de soldats sans solde qui ravageaient les campagnes et proposaient leurs services au plus offrant. Le 2 novembre, Charles VII répond à leurs attentes et fait voter la taille, un impôt annuel pour payer une armée permanente. Voyant leur perte de pouvoir, des princes comme Alexandre, bâtard de Bourbon, Charles de Bourbon, Louis de Bourbon, le Duc Jean d'Alençon et le propre fils du roi, le dauphin futur Louis XI, se soulèvent contre Charles VII ; c'est la révolte de la Praguerie qui débute en 1440. A travers cette fronde, il s’agit de mettre le roi sous tutelle, de placer le Dauphin aux commandes.
La trahison du fils du roi s’explique par la répugnance de Charles VII à lui laisser un territoire à gouverner. Les conjurés prennent donc les armes. Malmenés par les troupes royales, les conspirateurs doivent rapidement céder le terrain en Poitou, d’où est partie la révolte, pour se réfugier en Bourbonnais. La noblesse locale ne soutient pas le duc d’Alençon pendant la révolte ; elle refuse de suivre les grands vassaux clamant qu’elle a déjà un roi. Les treize bonnes villes d’Auvergne leur ferment également la porte. Les féodaux, traqués et défaits, font leur soumission au mois de juillet. Ils sollicitent la grâce du roi, qu’ils obtiennent. Le dauphin vient à résipiscence à Cusset en présence du duc de Bourbon. Il signe avec son père Charles VII le traité de Cusset, le 17 juillet 1440, mettant fin à la rébellion de Praguerie dans l’Hôtel de la Borderie. Charles VII fait distribuer des pensions aux seigneurs révoltés, récompense ses fidèles et confie à son fils le gouvernement du Dauphiné.
* Le terme Praguerie provient de la révolte des Hussites à Prague, au début du XVe siècle.
Faire de l’Allier le premier territoire offrant un festival de lumières à l’échelle départementale
Entretien avec Claude Riboulet Président du Conseil Départemental de l’Allier
#QCMag : quel est l’objectif de Lumières sur le Bourbonnais ?
Claude Riboulet : parmi les nombreux atouts de l’Allier, il en est un, unique, qui nous distingue ; le patrimoine architectural et immatériel légué par la famille des Bourbons. L’Allier compte 942 édifices d’intérêt patrimonial dont 175 protégés au titre des Monuments Historiques. Parmi ces édifices, 442 sont des châteaux, manoirs ou belles demeures dont une centaine sont ouverts au public. Si ces sites présentent une richesse indéniable, leur seule existence ne constitue pas une offre touristique structurée et lisible. C’est pourquoi, j’ai souhaité créer une commission “Valorisation des patrimoines bourbonnais” au Département de l’Allier. Rapidement, nous nous sommes fixés pour objectif de valoriser le patrimoine des Bourbons en fédérant les acteurs autour d’un événement départemental d’exception. Notre ambition est de faire de l’Allier le premier territoire à offrir un festival de lumières à l’échelle départementale. Nous voicu dans l’acte I “sur le chemin des Bourbon”.
#QCM : comment se traduit ce projet ?
CR : fin 2018, le Conseil Départemental a voté un plan de 3,9 millions d’euros sur trois ans. Il permet, entre autres, la mise en lumières de trois premiers édifices majeurs du Bourbonnais : le Château des Ducs de Bourbons à Moulins, le vieux château des Ducs à Montluçon et l’Hôtel de la Borderie à Cusset. Ce plan a reçu le soutien de l’État et de la Région à hauteur de trois millions d’euros. Sur Cusset, le coût total est de 600 000 euros dont 540 000 pris en charge par le Département et ses partenaires, reste à la charge de la commune 60 000 euros. Baptisé “Lumières sur le Bourbonnais” il s’agit d’une projection vidéo sous forme d’une fresque lumineuse qui va offrir aux spectateurs une ambiance festive, à la fois immersive et source d’émerveillement. Le premier volet, qui s’est déroulé à Moulins tout l’été, a été un vrai succès du point de vue artistique, économique et touristique.
QCM : d’autres projets sont-ils en cours ?
CR : déjà, nous nous concentrons sur Cusset et Montluçon. Ensuite, d’autres parcours thématiques lumineux sont en cours de réflexion de manière à couvrir totalement le département. Nous aurons à faire valoir le patrimoine industriel ou naturel par exemple. Avec l’ensemble de ces initiatives, le Bourbonnais prouve qu’il est un territoire qui gagne à être connu et dont nous ne sommes pas peu fiers !
Chaque séquence commencera sur la façade de l’Hôtel de la Borderie. Puis des lumières sur les façades des bâtiments autour de la place entraîneront le regard des spectateurs en direction de la façade de l’église. Ces mêmes lumières varieront selon les couleurs dominantes des projections du show, plongeant les spectateurs dans une immersion totale. Ils se retrouveront ainsi acteurs au coeur de l’arène.
Gilbert Coudène, Fondateur de l’entreprise Les Allumeurs de Rêves.
Lieu
Tous les soirs à partir de 19h, du 14 décembre au 11 janvier sur la place Victor-Hugo à Cusset.
Spectacle
Histoire de Cusset projetée sur la façade de l’Hôtel de la Borderie et de l’église Saint-Saturnin par la technique du vidéo-mapping.
Durée
Chaque soir, trois séances de vingt minutes sont proposées de 19h à 21h. Le spectateur peut ainsi arriver en cours de séance et enchaîner avec les suivantes.
Public
Entièrement gratuit, le spectacle est adapté à tous les publics.
L’application sonore
Pour suivre la musique du spectacle sur votre smartphone, vous devez télécharger l’application « Lumières sur le Bourbonnais » en flashant le QR Code ci-contre ou depuis Google Play ou App Store. Une fois installée sur votre mobile et muni d’un casque, l’application vous permet de vivre pleinement la projection sonore Lumières sur le Bourbonnais.