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- 2025 – L’art urbain investit le coeur de ville
Elles sont colorées, elles interpellent, elles animent des murs bien souvent tristes… Elles ? Ce sont les oeuvres d’art urbain. Au détour des rues de Cusset, nous avions déjà un chat, un perroquet, un Dark Vador, un indien… nous aurons bientôt de nouvelles oeuvres, éphémères cette fois-ci. Durant l’été, les arbres du Parc Barbereau se sont ornés de grandes bâches reproduisant les oeuvres peintes à Cusset. C’est dans ce cadre coloré que se sont déroulés les apéritifs musicaux de l’été 2024. Si vous avez eu la chance d’y participer, vous avez très certainement apprécié le travail des artistes Mister Ouats, Repy One, Zoé Gruhn, Clémence Goutte-Fangeas ou encore Jessy Bastide qui ont réalisé leurs oeuvres en direct. Des oeuvres que vous avez pu découvrir sur les cartes de voeux déposées dans vos boîtes aux lettres fin décembre ou en grand format dans la salle de l’Espace Chambon lors des voeux aux Cussétois.
ENTRETIEN...
AVEC... Marie Chatelais
Adjointe au Maire en charge de la politique culturelle et artistique, des associations culturelles, artistiques et socio-culturelles, du patrimoine, du tourisme et de la mémoire.
QCmag : on voit que l’art urbain compte pour la Ville de Cusset. D’où vient cette appétence pour cette forme artistique ?
Marie Chatelais : difficile de cataloguer l’art urbain dans une forme artistique. L’art urbain est multiple, éphémère ou non. C’est une combinaison d’expressions artistiques qui prend forme sous un pochoir, un graff, un détournement de mobilier urbain… Les techniques sont toutes aussi diverses que les profils des artistes. Certains portent un message à travers leurs oeuvres, d’autres s’expriment simplement en couleur. C’est cette liberté qui nous ressemble, l’ouverture de nombreuses possibilités artistiques et la multiplicité des lieux où elle peut s’exprimer. En 2014, très peu d’oeuvres étaient visibles sur la commune. La création de Monsieur Chat place Radoult-de-la-Fosse a été un déclencheur. Si nous avons avancé lentement sur ce dossier, nous sommes prêts aujourd’hui à passer à la vitesse supérieure.
QCmag : de quelle manière ce dossier évolue-t-il ?
M.C. : depuis deux étés déjà, nous avons investi le parc Barbereau où nous présentons les oeuvres d’art urbain présentes à Cusset. L’année passée, dans le cadre de notre événement Parc en Musique, nous avons fait appel à des artistes à qui nous avons laissé carte blanche sur des supports d’expression. Je remercie ici ceux qui ont joué le jeu en produisant des oeuvres magnifiques dont une partie a servi de support pour nos cartes de voeux. L’année 2025 va marquer un tournant car nous allons mettre à l’honneur cet art urbain. D’une part, six artistes vont investir la Tour Prisonnière afin de créer dès le mois de mars une exposition qui sera présentée au public en juin ; d’autre part, nous projetons d’installer des oeuvres éphémères en ville. En août, nous réitèrerons Parc en Musique en proposant de nouveau aux artistes qui le souhaitent des espaces d’expression.
QCmag : concrètement, quelle est la plus value de cette initiative pour la ville ?
M.C. : comme l’art urbain… multiple ! Toutes les initiatives artistiques ont pour objectif la découverte. Faire découvrir au grand public des formes d’art éloignées des traditionnels courants. Inspirer des initiatives auprès des scolaires, des comités de quartier, de nos commerçants avec par exemple la fresque participative de la rue de la Constitution. Faire découvrir le cheminement artistique et la pratique. Mettre en couleurs nos rues, nos façades bien souvent mornes. Faire d’un coeur de ville, un musée à ciel ouvert où en allant acheter son pain, nous pouvons admirer une création. Ensuite, il y a l’attrait touristique. Si nous transformons l’essai, demain, nous permettrons au public de découvrir un Cusset où se côtoieront notre patrimoine du XVe siècle et des oeuvres actuelles. Quel que soit le point de vue, ce sera forcément un plus pour Cusset.
Le saviez-vous ?
# L’art urbain ou le Street-art est né dans les années 60 à Philadelphie. Le premier mouvement est baptisé “ Graffiti writing ”.
# L’art urbain comprend la peinture au pochoir, le collage, l’affichage, le trompe l’oeil mural ou au sol, le tricot urbain, le graffiti, le tag, la mosaïque…
# L’art urbain s’inspire de diverses formes d’arts graphiques telles que la peinture classique, la BD, l’affiche…
UNE FRESQUE GÉANTE EN COEUR DE VILLE
La rue de la Constitution a pris des couleurs cet été grâce à un projet artistique collectif, mené avec brio par Zoé Gruhn, artiste-peintre. Afin d’embellir la rue de la Constitution et d’inciter les passants à la flânerie au sein de cette artère commerciale piétonne, un certain nombre d’aménagements, de décorations (suspendues ou au sol) et d’animations (à vocation culturelles, musicales ou commerciales) ont été mis en place. Dans cette perspective, Zoé Gruhn, artiste-peintre installée depuis décembre 2023 dans le Commerce à l’essai, a adressé une proposition pour un projet de fresque collaborative avec le jeune public, les habitants et les commerçants de Cusset, afin de valoriser l’espace urbain de la ville et impliquer les habitants dans une “ démarche artistique et humaine ”, dans la rue de la Constitution. Cette proposition visait à dynamiser le centre-ville “ en l’égayant de couleurs et en impliquant les habitants dans une oeuvre chargée de sens pour eux ”. Après plusieurs ateliers préparatoires réalisés au centre La Passerelle et en centre-ville, participants et curieux se sont retrouvés dans la rue de la Constitution, du 20 au 30 août pour peindre la fresque. Au total, 178 participants ont mis les mains dans la peinture afin de donner naissance à cette fresque végétale, colorée et invitant au mouvement qui s’étend sur les 50 premiers mètres de la rue de la Constitution en partant du cours Lafayette.
Des oeuvres éphémères sur les façades
Afin d’en faire profiter le plus grand nombre, des tableaux seront prochainement installés temporairement en ville sur des façades d’immeubles avant d’être remplacés par de nouvelles créations. De quoi allier art et patrimoine et enrichir un peu plus l’offre artistique de Cusset.
REPY ONE
Pierre, plus connu sous le nom de Repy One, originaire de Vichy, use de ses bombes de peinture depuis les années 2000. Au départ dans le graffiti de rue, son travail est aujourd’hui plus varié tant en termes de supports qu’en termes d’outils : graff sur des murs et panneaux de bois, peinture sur plexiglas, à la bombe ou au pinceau. Son travail s’oriente principalement sur le portrait en jouant avec le regard et la lumière. Son terrain de jeu, les murs d’ici et d’ailleurs. Si dernièrement il s’est offert un coup de projecteur sous le soleil de la Réunion à l’occasion du Run Colorz festival, l’artiste virevolte de projets en projets. Rappelez-vous, il avait métamorphosé, aux côtés d’autres artistes, l’îlot Gramont, boulevard Gambetta à Vichy, bâtiment qui a dernièrement été détruit. C’est d’ailleurs ici qu’il crée l’association LE SOUTE qui regroupe un collectif d’artistes issus du mouvement Graffiti ayant la vocation de faire la promotion et la production d’activités artistiques et culturelles à travers des évènements, expositions, résidences et productions artistiques. À Cusset, il a signé de jolis graffitis. Si vous déambulez dans les rues de Cusset ou sur les hauteurs de Chassignol, ouvrez l’oeil et repérez l’indien, la vache, ou encore le Dark Vador géant du côté du Parc du Chambon. Il a également répondu présent à l’invitation de la Ville en participant à l’événement Parc en Musique l’été dernier. L’occasion pour lui de semer derrière lui une nouvelle oeuvre qui habille fièrement la couverture du magazine que vous tenez entre vos mains et l’un des modèles de la carte de voeux de Cusset pour 2025.
MISTER OUATS
Sous le masque de l’artiste graffeur Mister Ouats se cache Rémy Reolon. Un artiste qui fait avant tout de son art un partage. Dans ses mains, des bombes de couleurs qui font d’un mur, d’un bâtiment ou encore d’une vitrine une oeuvre d’art. Né à Vichy, il s’installe très jeune avec sa famille à Cusset. Dès son plus jeune âge il s’intéresse à l’univers du street art. À 14 ans, il tient déjà une bombe de peinture à la main et réalise ses premiers graffitis dans des lieux souvent ignorés des Cussétois, mais dont l’atmosphère post-industrielle lui offre une zone d’expression libre. Depuis maintenant plus de 20 ans, Mister Ouats arpente, ici ou ailleurs, les lieux oubliés en quête de bâtiments abandonnés ou de murs orphelins. C’est en voyageant, à Montpellier, en Espagne et en Amérique du Sud, qu’il forge son univers artistique. Actuellement en création à Vichy, vous n’aurez pas manqué ses réalisations dans le passage du Commerce, où il a littéralement transformé les vitrines des commerces en épisodes graffés des Simpson. Mister Ouats dévoile également les toiles de sa nouvelle exposition, intitulée “ Refl ets ”, dans divers commerces du bassin. Comme d’autres artistes, Mister Ouats était présent l’été dernier Parc Barbereau en réalisant une sublime composition florale. Un graff que vous avez pu apprécier sur les cartes de voeux de la Ville. Cet hyperactif passionné n’hésite jamais à reprendre sa bombe de peinture pour partir à la recherche de nouveaux spots. Alors, ouvrez l’oeil… vous l’apercevrez peut-être au détour d’une rue à Cusset... ou ailleurs !
ZOÉ GRUHN
Durant l’année qui vient de s’écouler, vous avez sans doute entendu parler de Zoé Gruhn, artiste peintre installée dans le Commerce à l’essai depuis fin 2023. Fresque collaborative dans le centre-ville, peinture des panneaux du chantier de la future Médiathèque, performance live lors du passage de la Flamme Olympique et dernièrement exposition photo pour Octobre Rose en duo avec Emilie Dutilleul, elle est sur tous les fronts. Passionnée de dessin depuis toujours, Zoé décide d’en faire son métier après avoir rencontré un certain succès en partageant ses oeuvres sur les réseaux sociaux. L’humain et les rencontres l’inspirent énormément pour créer ses oeuvres. Son thème de prédilection : mettre en lumière la beauté de toutes les femmes à travers des portraits ou des dessins de corps. Encore pendant 6 mois dans son atelier “ La Pensée d’artiste ”, elle mettra à profit ce temps pour réaliser des projets de fresques dans les écoles et institutions aux alentours de Vichy, des collaborations avec d’autres artistes, mais aussi se focaliser sur sa formation en art thérapie qu’elle a débuté récemment. Son objectif avec cette formation est de donner un réel impact au niveau humain par ses projets, en accompagnant les gens de la manière la plus adaptée. À plus long-terme, c’est avec la double casquette art thérapeute et artiste qu’elle voudrait s’installer.
JESSY BASTIDE
À l’origine tatoueur, Jessy Bastide s’est fait remarquer dernièrement par des projets en street art avec des peintures grand format sur panneaux de bois, sur le chantier de la future Médiathèque et lors du passage de la Flamme Olympique à Cusset. Après un parcours scolaire un peu laborieux, 2 ans de CAP en graphisme et 3 mois de bac en graphisme, il s’oriente dans le tatouage en travaillant dans un salon à Saint-Pourçain-sur-Sioule durant 5 ans. Aujourd’hui connu par son salon de tatouage “ Squirrel Tattoo ” à Cusset, son style graphique évolue constamment au contact d’autres artistes mais reste tout de même proche du tatouage néo traditionnel très coloré. On retrouve le trait du tatoueur même dans ses autres projets. Récemment, il a repris contact avec le papier, support qu’il avait laissé de côté, dessinant plutôt en numérique pour ses projets tattoo. Il réalise maintenant des créations diversifiées : cartes illustrées à la main, affiches grand format représentant la ville de Cusset pour différents évènements (Octobre Rose, Jeux Olympiques, Noël…) street art ou autre. Cette série d’affiches a d’ailleurs vocation à s’étendre, c’est un des projets à venir de Jessy avec aussi la volonté de faire des projets en collaboration avec des artistes et artisans locaux pour allier son style graphique avec un autre art comme le cuir, la coutellerie, la bijouterie...
La Tour Prisonnière et l ’art urbain en ménage cet été
2025 sera l’année de l’art urbain et son coeur battra cet été dans la Tour Prisonnière. La belle explosera aux couleurs des six artistes du collectif LE SOUTE qui la prendront d’assaut dès le mois de mars pour créer une exposition adaptée aux dimensions imposantes de cet édifice du XVe siècle. Patience, le public pourra en profiter de juin à octobre de cet événement qui fera date dans l’histoire de la Tour de cinq siècles.